lundi 26 août 2013

nimbée de lumière


Me voilà embarqué dans une aventure qui durera toute ma vie et cela s'est passé à la ferme de Boiscoutant.  

Etre papaSuis-je prêt à être père? Impossible d'imaginer ce qui nous attend tant que la réalité ne nous confronte pas.

Pour raconter cette histoire, il me faut retourner quelques mois dans le passé.

le chemin de la foule est facile, le nôtre plus compliqué


Petit bonheur issu de la rencontre d'un cultivateur et d'une louve des "steppes urbaines" , ce petit être nous apporte de nombreux moments magiques, moments où j'ai appris à jouer avec lui dans le ventre de la maman, entendre son petit coeur, créer un contact, un lien étroit qui forge la paternité.

L'annonce de la grossesse a été un moment fort: la famille, les ami(e)s, souhaitent votre bonheur mais celui qu'ils ont imaginé n'est pas forcément le vôtre. Leurs dires auraient pu gâcher le nôtre: "...avez-vous choisi l'hôpital le plus sûr, le plus médicalisé, le plus plus,...", etc... Le maître mot a été de ne pas se soucier de l'avis d'autrui, si besoin éviter de les voir trop souvent...

En somme, le choix de l'hôpital nous importait peu puisque nous désirions un accouchement à la maison.


sa venue sous la pleine lune du solstice d'été


Ce jour-là se leva pour moi avec une agitation intérieure, une sensation que je n'avais pas ressenti depuis les Noëls de ma plus jeune enfance. Certes, je ne réalisais pas vraiment ce qui m'arrivait en ce moment-là mais ce flot de sentiments étaient en moi, empli de fierté: accoucher et accueillir mon bébé.

Venue de cet "autre monde", elle m'ôta presque la respiration, pour arriver dans notre monde plus lumineux mais peut-être pas plus pur. Les contractions régulières, quelques saignements, la perte des eaux, elle me montra enfin son visage et m'offrit son premier regard, nos yeux fascinés par l'un et l'autre comme ces phénomènes propres aux champs magnétiques. Quel moment! Je donnais naissance à Orfée après de nombreux massages, caresses et encouragements à la maman, sous l'accompagnement de notre sage-femme Dorota.

Entendre son chant, la prendre dans mes bras, déposer mon baiser et mon odeur, couper son cordon qui marque son entrée dans notre monde. Orfée petite fille déjà éveillée, ne requérant qu'à laper le doux colostrum protecteur et recevoir notre amour.

Voici mon cadeau pour ta venue,

"Ce qui compte ce n'est pas ce que l'on donne, mais l'amour avec lequel on donne" Mère Teresa.



Extrait de l'album enchanteur  Miscellaneous - Prayer for peace.

plus d'accouchement à domicile sans notre soutien actif


Le Ministère de la Santé rappelle l’obligation d'assurance pour toutes les pratiques exercées par une sage-femme. Pour celles qui accomplissent l'accouchement à domicile, les assureurs demandent un prix totalement disproportionné (30 000€/an) compte tenu de leurs revenus.

Dans les départements, l'Ordre Départemental des Sage-femmes menace celles qui n’arrêteraient pas d'une amende de 45 00 euros. Il est facile de deviner où le Ministère de la Santé veut en arriver.

Nous pouvons soutenir ces sage-femmes qui permettent la liberté de choix des femmes d'accoucher où elle désirent. Signons tous la pétition.

ses couches jetables polluent notre environnement...


... et diminuent nos ressources naturelles (estimées à 18 millions chaque année rien qu’aux Etats-Unis seulement). 

Petit calcul, si j'avais été tenté de n’utiliser que des couches jetables, mon bébé en utiliserait entre 8000 et 10000 avant d'être propre (selon les experts: environ 2 ans et demie) soit entre 97 et 125 euros/mois!!! 

Si le risque pour l’environnement et mon budget est évident, les risques pour la santé de ma fille ne sont toujours pas clairement définis. Les fabricants de couches jetables n’ont pas l’obligation de lister les produits chimiques utilisés pour accroître leur pouvoir absorbant et désodorisant. Ajoutons à cela le solvant universel: l’eau qui est le composant principal de l’urine, et les produits chimiques sont alors absorbés facilement par la peau de bébé, soit près d’un tiers de la surface de son corps, contact direct également avec ses parties génitales. Le tout réchauffé par une enveloppe plastique extérieure qui garantit que ces substances resteront bien en contact avec mon bébé. 

Pourquoi alors enroulerions-nous et laisserions-nous tremper nos bébés dans ces produits chimiques inconnus ? 

Les couches lavables en coton bio ont été préférés. Dès sa naissance, Orfée nous communiqua ses besoins d'éliminer ses selles par son code à elle: un petit cri bien distinctif accompagné d'une agitation. Il est vrai que si nous n'avions pas décelé ce petit signal, elle aurait cessé de l'exprimer et se serait habituée à faire dans sa couche. En étant à son écoute, nous nous sommes retrouvés avec peu de couches à nettoyer, ce qui ne manqua pas de créer pas mal d'étonnements chez les parents rencontrés: "...mais votre enfant fait ses besoins aux toilettes!". 

Nous nous vantons d'être une civilisation de progrès mais je constate le contraire dans bien des domaines. Dans mes recherches, de nombreux experts de la petite enfance recommandent de ne commencer un apprentissage de la propreté qu'à partir de l'âge de 2 ans. "... pour ne pas marquer les enfants psychologiquement..." dixit ces mêmes experts. Sponsorisés par les grands fabricants de couches, nous les retrouvons dans les revues expertes.

Chère lectrice, cher lecteur, je pense que vous avez compris. Aujourd'hui, je ne peux m'empêcher de faire le lien avec l'usage des biberons augmentant de façon rapide et continue depuis la dernière Guerre Mondiale (l'hôpital propose d'ailleurs des échantillons gratuits de lait maternisé aux nouveaux parents!).

Comme pour les agriculteurs victimes des OGM par l'industrie des semences et de leurs scientifiques, il existe une relation commerciale entre l'industrie et le monde médical qui est bien loin de l'intérêt de l'enfant et des parents.


"Nul besoin de succomber au marketing de la petite enfance, pas de poussette 4x4, ni de lit parapluie, Orfée recherche simplement à être tout contre ses parents." 


se réapproprier le savoir de nos ancêtres


Depuis la nuit des temps, les mères ont en elles cet instinct, cet amour maternel. Elles donnent naissance, nourrissent, lavent, consolent et protègent leurs petits. Il faut se réapproprier le savoir, cette sagesse des femmes. Les femmes se le transmettaient de mère en fille. Ce sont les mères les véritables expertes.

En Inde, en Afrique, en Russie, en Asie, chaque pays a évidemment une approche spécifique de la relation avec l'enfant. Elle restait encore préservée de nos dogmes occidentaux sur l'enfance il y a encore peu. Ainsi, j'ai pu entendre d'une amie sa surprise en se rendant en Chine de ne trouver pour son fils en bas âge que des pantalons avec un énorme trou aux fesses pour que le bébé chinois puisse faire ses besoins sans stress et rapidement. En Inde, c'est le port d'un vêtement léger en coton, pas de couches, etc...

Les parents de ces pays privilégient la communication, la connexion avec leur bébé sans rien lui imposer.


réorganiser sa vie professionnelle


Elle change mes gestes et mes rythmes, je me réorganise autour d'elle. J'essaye de laisser le stress du retard du travail dans les champs, c'est parfois difficile. Mais c'est pour moi important d'être avec elle, je l'emmène donc avec moi en porte-bébé.

Je rends des services aux agriculteurs qui le désirent, et l'accueil des agriculteurs a été très chaleureux. Les anciens avaient les larmes aux yeux, nostalgiques de ce temps où l'on voyait des bébés accompagnant leur maman aux travaux des champs. 

Des bébés sont aussi nés chez ces agriculteurs en 2013, de doux moments de complicité se sont noués. Parmi eux, l'un d'eux me regardait envieux, repensant au passé. Chaque matin, il confiait sa petite fille à la nounou, c'est le quotidien de la majorité des parents tenus par le travail. Mais quand venait le soir, elle montrait des difficultés pour repartir: la maison de la nounou était devenue sa maison au fil du temps. Encombré par les lourdes tâches de la ferme, il n'a pas vu grandir sa fille. Plus tard, elle continua de se confier à la nounou lors de ses problèmes de petit ami, sans doute se sentant plus proche d'elle.

La société crée des élevages d'enfants hors-sol, pas si éloignés des animaux finalement: je pense aux crèches qui ne sont que des lieux encourageant à les rendre rapidement autonome et citoyen. Depuis ce témoignage, il me semble si important de ne pas déléguer notre rôle de parents, notre bienveillance. Adaptons-nous d'abord à la personnalité de notre enfant.

Merci à tous pour ces fabuleux moments d'échange qui me confortent dans mes choix de vie.


La déclaration de naissance à la mairie de la ferme était assez cocasse, inhabituelle, accompagnée d'un "...vous avez raison de ne pas faire comme tout le monde..." amusant.

Je ne suis peut-être pas un mouton de Panurge tout simplement. Pour le plus grand nombre, il n'y a que dans les temps reculés qu'on accouchait à la maison.

Pourtant l'accouchement à domicile devrait être encore le fondement sur lequel repose notre pensée pour de nombreuses raisons y compris le bien-être de la maman, du papa et de l'enfant (je n'aborderai pas ici la grosse économie pour la sécurité sociale!).


Finalement, j'ai été enfant, j'ai vu grandir mon petit frère et ma petite soeur, comment ne pourrais-je avoir une idée sur comment élever un enfant... Ma vie m'a appris au moins ceci:


Je désire être un papa plutôt qu'un père. Si le père se fait respecter, le papa se fait aimer...