boiscoutant


Vivre en harmonie avec la nature
Je m’appelle Bertrand et cela fait maintenant près de 40 ans que je vis dans ces forêts sauvages du Chilleau,  que je respire cet air-là, que je me régale de cette lumière. Après avoir visité différents pays du monde, je ne me verrai pas vivre ailleurs.

Je ne sais plus à quand remonte mon intérêt pour l’agriculture biologique, d’ailleurs je n’aime plus ce terme : être en bio ne vous empêche pas d’être un parfait tiran ou dictateur dans la vie, donc je n’en parlerai plus.
Je parlerai d’agriculture respectueuse, sans chimie. Le métier est difficile, et à tous les rêveurs je dis : la nature n’est  pas bienveillante pour l’homme, les paysans doivent  apprivoiser les éléments : l’air ou le vent, le feu ou la chaleur et le froid, l’eau en excès ou en manque.
Il n’est pas utile de juger les autres agricultures, chacun son chemin, nul n’est prêt au même moment de sa vie, ou ne le sera peut-être jamais.
Respectueuse, oui, elle devrait répondre aux besoins des populations présentes sans compromettre ceux des générations futures. Il y a tant à dire, tant à faire.

Un jour, un petit homme avec un grand cœur s’est trouvé sur ma route et je l’ai entendu dire : "Nos aliments sont tellement toxiques que maintenant lorsque l’on se met à table, il ne faut plus se souhaiter bon appétit, mais bonne chance !"

Cet homme, c’est Pierre Rabhi. Et quel homme !


Une poignée de nouveaux pionniers
  Il faut aussi un revenu décent      
A  chaque époque, il y a une redécouverte de ce qui existait en prétendant que c’est nouveau.
C’est ainsi, l’humanité recommence les mêmes et inlassables erreurs.
Quels moments passés, vers les années 2000,  avec  ce groupe d’agriculteurs biologiques de la chambre d’Agriculture du Sud des Deux-Sèvres animé par Jean-Pierre !
J'y découvrais les pratiques de chacun alors que je n’étais encore qu’observateur, leurs réussites, mais aussi leurs échecs, leurs difficultés à mettre en place des débouchés, la gageure de tenir le cap après une période de prix incertains.

A l’orée d’une forêt, cette terre : un don de Dieu
Ces paroles résonnent encore en moi lorsque enfant j’allais vendre mes tickets de tombola en vélo et rentrais à la tombée de la nuit en passant devant une ferme cernée de bois, détournant le regard inquiété par les bruits, les mouvements nocturnes, quasi hostiles : « Je n’aimerais pas être ici ! »
La vie est pleine de surprises, et 17 ans après,  je suis tombé amoureux de ce lieu en ruine et en friches où tout était à reconstruire.


C’était un lieu encore sauvage, préservé, pur, simple, mon paradis, mon nouveau territoire.

Elle attendait que je la regarde enfin
Merci à Marie et Maurice d’être venus de je ne sais où, me proposer leur propriété : la ferme de Boiscoutant.
A  cette époque, je désespérais de m’installer, les pratiques quasi mafieuses des structures d’attribution des terres m’évinçant à chaque fois. Indigné et envahi par la colère, je me sentais « sans-terre ».

Se battre contre les préjugés... de l’administration
Animé par la volonté d’exercer mon métier et de vivre au Pays, je me suis engagé dans la politique agricole pour contribuer à faire respecter le droit à refuser un système qui nous mène tout droit dans le mur, non, nous étions déjà dans le mur.
Car enfin, l’agriculture est affaire de paysans avant d'être celle de technocrates.

Je me suis installé en 2004, sans aides de l’Etat car Boiscoutant fut jugée trop petite par la direction départementale de l’Agriculture - donc pas viable !
La disparition, cette année-là, des soutiens de l’Etat pour reconvertir une exploitation en bio (CTE), les terres difficiles et mouillées de la ferme, l'isolement qui ne me permettait pas de partager les investissement en matériel spécifique avec d'autres exploitants bio, vont repousser ma conversion. La période de transition pour être bio est longue et délicate financièrement.
Mais la <a nsp'>, va déclencher mon passage, soutien de l’Etat ou pas. 

Guerrier pacifique
Les évènements finissent par façonner un homme et lui apprendre la rudesse et la rugosité de la Vie.
L’enseignement supérieur agricole vous prépare à toutes les situations sauf à celle des traumas du cœur : une séparation de biens sanglante d’intérêts.
Puis un sinistre tempête, où l’assurance de l’époque usera de tous les stratagèmes pour ne pas indemniser (experts dans une énorme Jaguar neuve !), courriers de demande de soutien au ministre de l’Agriculture sans réponse - il est vrai qu’il n’était pas ministre des Agriculteurs !

Ce qui nous coupe de la vérité de notre existence
Bonheur National Brut : prendre plaisir à ce que l’on fait, surtout ne pas sacrifier sa sérénité, sa joie de vivre.
Enorme travail, car notre système ou modèle de société a "standardisé la vision humaine, exilant l’homme, lui ôtant ses racines, le coupant de lui-même".

Simples ou chercheurs, agissant dans l’ombre ou très exposés médiatiquement, de merveilleuses rencontres, Jean-Pascal, Stéphane L., Eric P., Serge B., Jean-Mi, l’équipe bretonne de Triptolème, Nicolas S., Patrice, Pierre Rabhi, Guy, Jean-Marc et ses amis nocturnes, Pierre…
Ces femmes et ces hommes extraordinaires - il est trop long d’en faire l’énumération complète dans une simple présentation - apparaîtront au fil de ce blog, laissant chacun une parcelle de pensée.